Un samedi qui commence bien -Pv Raph le paradoxe-

Ex-Ange devenu Démon, Raphael avait gardé son apparence douce et protectrice. Et couplé à son apparence, son attitude et son comportement ne laissent pas voir qu’il a retourné sa veste pour les beaux yeux d’une démone. Et pourtant, les apparences sont bien trompeuses.

Cette journée, Raphael n’était pas accompagné par sa chère et tendre. Aussi inséparables et collés soit-ils, il arrivait quand même fréquemment que Faith soit appelée par les instances supérieures, alors que lui, petit démon mineur était censé rester à la porte. Mais peu lui importait, il avait déjà vécu ça parmi les anges, et ensuite, même si parmi les démons, il ne faisait pas l’unanimité, aucun n’oserait le toucher sans ordre formel venu d’en haut. Il n’était pas vraiment passe-partout en bas.

Mais sur terre, c’était une toute autre histoire. Les mains dans les poches souvent, un visage ouvert et heureux, il n’y avait aucune raison apparente pour se méfier de lui.
Depuis quelques jours, qui lui semblaient bien long, Raphael était donc seul sur terre. Pour l’instant il n’avait pas tué encore. Pour l’instant. Mais la patience était l’une de ses qualités. Après tout, il lui en fallait pas mal, puisque c’est de cette qualité dont dépendaient toutes ses techniques pour approcher et exterminer ses proies ensuite. Contrairement à Faith, il prenait le temps de tendre les fils de sa toile pour être sûr qu’ensuite sa victime n’avait plus aucune possibilité de s’en sortir. Voir la panique puis le désespoir dans ses yeux était ce qu’il appréciait le plus.

Il y avait déjà Jane, cette femme veuve avec sa fille. Elle possédait le colt, fameuse arme capable de tuer les démons. Et sa fille, ah ! C’était carrément l’une des élus d’Azazel. La faire pencher du côté de Lucifer et ses plans était l’une des missions « fil-rouge » de tous les démons. Et Raphael était pour l’instant bien positionné par rapport à la mère, ne restait qu’à copiner avec la petite pour lui donner l’impulsion nécessaire à sa chute.

Pourtant, aujourd’hui, Raphael n’était pas parti pour corrompre doucement mais sûrement la petite famille. Parce que Raphael, partageant ses moindres secrets avec Faith, avait une folle envie de connaitre cette sorcière dont elle avait parlé. Une jeune fille dont elle devait forcer l’utilisation des pouvoirs. Faith avait une manière plutôt musclée de forcer les choses. Et même si on ne lui avait rien demandé, le démon avait énormément de mal à ne pas fourrer son nez dans les affaires de son amour.

Discrètement, il avait suivi son parcours du jour. Sortant du magasin, elle allait pour ranger ses provisions dans le coffre de sa voiture, lorsque l’un des sacs se perça de manière inattendue, rependant tout les achats sur le sol. Un grand sourire mesquin étira les lèvres du blond, alors que la scène se déroulait sous ses yeux. Faisant un premier pas puis un second vers la malchanceuse, le sourire se mua étrangement en un clin d’œil en sourire amical et gentil. Arrivé à sa hauteur, il s’accroupi devant elle et ramassa quelques paquets au sol « Je peux vous aider ? » proposa-t-il avec une voix douce. « Est-ce que votre voiture est loin, je peux peut-être pendre l’un de vos sacs ? » Continua-t-il avec le même ton galant. Ses doigts rencontrèrent ceux de la demoiselle, complètement par hasard calculé alors qu’il ne restait qu’un seul paquet à terre. Un sourire [strike]digne d’une pub colgate ou email diamant[strike] éclatant, il s’excusa et insista légèrement « Ces sacs ne sont pas solides, laissez-moi vous aider à porter vos affaires, mademoiselle. »

October était en train de prier pour que les 12 oeufs qu'elle avait acheté ne fassent pas partie des paquets tombés par terre. Quelqu'un l'avait visiblement entendu car ils ne se trouvaient pas dans le monceau de courses. Mais il lui fallait maintenant ramasser tout ça... Et ce n'était pas sa force surhumaine et son sang infecté par celui d'Azazel lorsqu'elle était encore un nourrisson qui allait beaucoup l'aider. Ses réflexes n'étaient pas encore assez développés pour qu'elle ait pu faire un geste assez rapide et empêcher son chargement de venir s'écraser sur le goudron. Vraiment quelle matinée. Ramenant ses longs cheveux blonds derrières ses épaules pour les empêcher de la gêner, elle commença à rassembler ses affaires éparpillées sous le regard amusé des passants. Pas un ne s'arrêta pour l'aider. Il y avait parfois de quoi à désespérer de la race humaine...

Elle s'apprêtait à lancer un appel à l'aide lorsqu'une main surgit dans son champ de vision, la faisant sursauter. Elle ne s'y attendait vraiment plus. Levant les yeux vers son mystérieux sauveur, elle découvrit un jeune homme au visage angélique qui lui souriait gentiment. Elle approchait sa main du dernier paquet quand il la devança, effleurant sa main au passage, la faisant resursauter, October n'étant plus vraiment habituée au contact physique depuis que ses pouvoirs étaient apparus. Enfin, dehors des cours d'arts martiaux s'entendaient. Elle décida qu'après tout se faire aider ne serait pas de refus et que si le jeune inconnu s'était proposé, elle n'avait vraiment aucune raison de le botter en touche. La galanterie était une denrée rare de nos jours et la jeune femme accepta, accompagnant ses paroles d'un geste de la tête.

“Je veux bien. Ces sac ont tenu le temps qu'ils ont pu mais je pense que j'avais un peu chargé la mule aujourd'hui.”

Elle devait le reconnaître, elle n'avait pas fait des courses pour une semaine mais pour deux. Elle voulait profiter du week-end suivant pleinement et cela signifiait ne pas revenir une énième fois à Aberdeen pour faire les courses. À vrai dire, elle voulait passer le week-end de la semaine d'après à cheval, histoire de faire un tour dans la montagne et de vérifier l'état des clôtures et de l'exploitation. Après tout, certains voisins ne se cachaient pas d'avoir voulu leur faire des crasses. On leur avait déjà bousillé des clôtures pour faire fuir le bétail afin de se “venger” de leur réussite insolente et pas naturelle en ces temps de crise. Les gens étaient pitoyables parfois. Le seul secret de leur succès était un travail constant, des efforts et des sacrifices. Ils vivaient moins bien que les gros exploitants du coin mais lorsque la situation avait commencé à se dégrader, eux avaient continué leur petit bout de chemin... Bref. Ce n'était pas le sujet.

Elle se dirigea vers l'énorme 4X4 qui la transportait partout, les bras chargés de paquets qu'elle déposa par terre avec délicatesse avant d'ouvrir le véhicule et d'y déposer une partie de ses courses avant de se retourner vers son sauveur aux cheveux blonds pour l'inviter à faire de même et le remercier dans les règles de l'art.

“Merci. Sincèrement... Vous méritez que je vous offre un café. Je m'appelle October. Et vous êtes?”

Finissant de charger les produits fraîchement achetés dans le coffre, elle attendit une réponse de la part du galant étranger.

En ramassant les provisions, Raphael se demanda quel goût ça pouvait bien avoir toutes ces choses. La plupart ne lui disaient rien et les emballages ne mettaient rien en valeur, selon lui. Pire, les odeurs allaient finir par l’incommoder si elle s’était amusée à se garer à l’autre bout du parking. Heureusement pour lui, la miss avait garé son tank pas trop loin encore, et c’est les bras chargés qu’il attendit patiemment qu’elle ouvre le coffre afin d’y poser sa cargaison. Intérieurement, il se fit une blague, comme quoi cette monstrueuse voiture était bien trop grosse pour une frêle gamine comme elle. Elle avait l’air toute faiblichonne, Faith ne devrait pas avoir trop de mal à en venir à bout, normalement. Normalement ! Mais Raph était bien placé pour savoir qu’il ne fallait pas se fier aux apparences, bien au contraire.

Il entreposa avec logique les courses de la demoiselle, de manière à pouvoir tout rentrer sans soucis. Une fois cela fait, il lâcha un petit compliment, quelque chose comme « Et voila ! J’espère que vos placards et votre frigo sont vides ! » C’est vrai qu’elle avait acheté beaucoup de choses, à en juger par son gabarit on ne pouvait pas deviner qu’elle mangeait autant. Ou alors elle partait en vacances ? Bah, pour ce que c’était intéressant…

Elle le remercia pour son aide. Quoi de plus normal ? Et avant même qu’il ait une idée pour lui proposer de continuer la conversation ou tourner les talons sans demander son reste, elle se présenta et déclara qu’elle lui devait un café. La belle aubaine ! « Je suis Raphael. Enchanté, Mademoiselle October. » Lui dit-il. Il avait saisi sa main et baisé le dos de cette dernière. Les manières gentleman ne le quittaient pas, et même s’il avait parfois l’air tiré d’un roman du siècle dernier, Raphael ne comptait pas changer. D’ailleurs, s’il avait osé, c’est Faith qui lui en aurait voulu, et voir sa chère et tendre moitié en colère contre lui aurait brisé ce qu’il pouvait rester de son cœur flétri et mort. « Je ne mérite pas plus qu’un merci, très chère. Mais permettez que moi je vous invite. A vrai dire, j’aurais besoin d’un guide en ville, je suis arrivé il y a quelques jours et je me perds facilement encore. Vous m’aideriez énormément si vous acceptiez. » Excuses bidon et complètement fausses. Mais il avait besoin d’un bon prétexte pour au moins passer un peu de temps avec la dénommée October, et éventuellement la revoir.
Pour appuyer sa demande, il sorti un beau sourire, du genre que seuls les anges ont le secret, et qu’il avait conservé au fil de ses déchéances.


Faith n’aimerait certainement pas que son amant marche sur ses plates bandes, mais qu’importe. Il trouverait quelque chose pour se faire pardonner. Puis quelque chose lui disait qu’elle ne ferait pas la tête longtemps, après tout, leur duo était fusionnel et avoir une mission solo pour l’un ou l’autre était tellement rare… Bon d’accord, il était un peu jaloux qu’on ne lui ait pas demandé à lui aussi d’assister sa reine de cœur, alors il fallait bien qu’il s’en mêle, d’une manière ou d’une autre ! Et à vrai dire, il s’en mêlait comme il fallait pour l’instant. Ni trop, ni trop peu.

La jeune femme éprouva un sentiment de soulagement en voyant qu'elle n'aurait plus à revenir dans le centre commercial avant un bon moment. Le coffre était presque plein à craquer et pour se faire, il fallait vraiment qu'elle ait acheté une bonne quantité de denrées plus ou moins périssables. Pas qu'October fut vraiment boulimique mais elle avait des journées longues et physiquement épuisantes et elle mangeait donc en conséquence. Elle avait beau avoir du sang de démon, elle restait une humaine de 23 ans avec tous les besoins que cet état imposait. Tiquant à la remarque de l'inconnu qui avait visiblement souffert du poids des courses, elle se tourna vers lui.

“Mes placards et mon frigo étaient effectivement vides. Je ne suis pas vraiment une femme d'intérieur. J'ai un boulot qui m'occupe une grande partie de la journée, résultat je n'ai pas vraiment le temps de faire les courses mais ce n'est pas vraiment intéressant...”

Il se présenta finalement et October eut un sourire amusé en entendant son nom. Raphael. Pour un grand blond aux yeux bleus à l'aspect angélique, la coïncidence se devait d'être notée. Elle l'observa un peu plus attentivement et remarqua qu'il avait vraiment quelque chose de peu commun. Une sorte d'aura qui ne tenait ni à sa beauté physique évidente qui l'aurait fait sans doute figuré sur un Botticelli si il était né au bon endroit et au bon moment, ni à ses manières de gentleman. Il avait ce quelque chose de parfait qui poussait la jeune femme à ne pas trop se méfier de lui... Et pourtant. Pourtant, un mystérieux instinct tirait la sonnette d'alarme. Peut-être était-ce dû à ses manières surannées. Ou à sa perfection physique finalement... Elle décida pourtant de ne pas se formaliser, de garder l'esprit ouvert et de ne pas laisser les préjugés prendre le pas sur la gentillesse de son interlocuteur. Elle se décida néanmoins à refuser son invitation pour prendre le café qui la gênait beaucoup trop. Le baise-main avait été un peu trop invasif pour son espace vital. Lui faisant son plus beau sourire malgré son malaise, elle déclina le fait qu'il lui paye sa consommation tout en l'invitant à la suivre pour se diriger vers le café...

“Je vous en prie, Raphaël, pas de ça avec moi. Les filles des grandes villes apprécient peut-être ce genre de comportement mais moi je suis juste une employée de ranch. Je veux bien vous parler de la région, vous parler des sites intéressants et même vous servir de guide mais pour l'amour du Ciel, restons dans la simplicité hein?”

Elle espéra que le message était passé et que le jeune homme comprendrait que toute cette sophistication la gênait. Il était sans doute timide et aborder une personne inconnue constituait peut-être un terrible défi. Elle essaya de réfléchir à ce qui pouvait bien lui passer par la tête mais ne put que se livrer à des conjonctures hasardeuses, chose qu'elle n'aimait pas faire et décida donc d'arrêter de réfléchir à ce que Raphael pouvait bien ressentir. Elle devait apprendre à le connaître et aviserait par la suite.