Premier contact - PV Faith -

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Quelques temps après sa rencontre avec Dean et la réparation de l'antique tracteur du ranch, son père chargea October de se rendre à Lawrence dans le but de faire l'acquisition d'une nouvelle jument. Le chef de famille estimait visiblement qu'il était temps de mettre un peu de sang neuf dans l'élevage et la jeune femme n'y voyait aucun inconvénient. C'est donc avec des consignes très précises qu'elle avait mis le cap sur le Kansas. Elle avait solidement arrimée le van à son 4X4, pris des affaires de rechange pour la semaine de recherche qui l'attendait et s'était mise en route. Elle aimait bien partir comme ça en sachant qu'elle avait un peu le temps de traîner, de visiter, de découvrir. Et puis, elle adorait conduire et chanter avec le lecteur de cd qu'elle avait installé dans son véhicule. Elle avait presque la sensation d'être de nouveau une fille normale, sans problèmes de démon ou de rêves hantés par la voix de l'Adversaire... En montant dans sa voiture, elle savait qu'elle en avait pour presque 9heures de route... 9h pour réfléchir aux derniers évènements à tête reposée puis quelques jours pour se livrer à sa vraie vocation. Trouver une nouvelle jument pour enrichir encore l'élevage commencé par ses parents une trentaine d'années auparavant. Elle aurait peut-être même un peu de temps pour flâner. Peut-être même pour remplacer ses vêtements usés.

Faire du shopping voilà un moment qu'elle n'en avait pas eu l'opportunité. Ses tenues mises à rude épreuve par son travail s'en ressentait et il ne lui restait quasiment rien de valable ou de présentables. Elle décida que c'était ce qu'elle ferait en premier en arrivant à Lawrence. Trouver une boutique qui lui permettrait de se vêtir correctement avant de se présenter aux éleveurs de la région. Elle savait très bien que son père ne l'avait pas accompagnée dans le seul but de la présenter comme la future propriétaire et patronne de l'élevage, elle devait se débrouiller pour faire la meilleure impression du monde devant des associés de 10 ans qui la considérerait encore comme la petite fille de Cat et Gray Northwood. Une enfant sans expérience. Il en allait ainsi depuis toujours et pour tout le monde, c'était inévitable. Il fallait nécessairement faire ses preuves pour entrer dans le monde des grands.

C'est une jeune femme fourbue qui arriva en fin de journée dans le parking d'un petit motel à la sortie de la ville. Le genre d'établissement qu'il y avait dans toutes les villes américaines et qui servait de refuge à tous les voyageurs. Elle débarqua toutes ses affaires et s'affala sur son lit avec un soupir d'extrême fatigue. Dieu que la journée avait été longue... Elle réalisa qu'elle avait VRAIMENT besoin d'une douche et que l'odeur de mouffette qui avait envahit la chambre n'était pas seulement dûe au voisin obèse avec des auréoles sous les bras et qui mangeait des hamburger assis devant sa porte. Vu sa surcharge pondérale, October ne savait pas comment il allait réussir à se relever. Peut-être même qu'on allait devoir appeler les pompiers pour le déloger du seuil.

Une douche et une bonne nuit de sommeil plus tard, tout souvenir du long trajet et du voisin peu ragoûtant avait été oublié et était assise à la terrasse d'un café savourant un petit déjeuner bien mérité. Elle savourait ses pancakes au sirop d'érable en silence quand un évènement imprévu vint pertuber la quiétude de sa matinée.

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« Mouais… »

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Elle était en train de savourer son petit déjeûner, laissant le léger goût de fumé caractéristique du sirop d'érable envahir sa bouche. Certes, elle en avait déjà mangé de meilleurs mais ceux-là avaient presque un goût de vacances. Un goût de Lucifer-et-ses-hordes-ne-viendront-pas-me-bouffer-la-vie-aujourd'hui. Impression malheureusement trompeuse mais ça October ne le savait pas encore. Pour l'heure, elle réfléchissait aux élevages qu'elle devait visiter en priorité. L'ordre comptait. On ne discutait pas avec tout le monde avec le même respect. Le ranch de ses parents avaient ses partenaires commerciaux privilégiés et elle devait en tenir compte. Ensuite, elle ne devait pas oublier qu'elle avait un prix plafond à ne dépasser sous aucun prétexte. Son père n'apprécierait pas qu'elle dépense de mille et des cents sans aucune raison. Elle devait aussi s'acquitter d'un petit contrôle de routine sur chacun des animaux qu'on lui proposerait, à savoir : le carnet de santé, la généalogie et les performances. Il ne fallait pas qu'elle se fasse arnaquer non plus. Oui, son métier était bien plus compliqué qu'il n'y paraissait. Il ne suffisait pas seulement d'élever 4 vaches et 3 canassons en parcourant les vastes plaines américaines. On était loin de l'image champêtre véhiculé par “l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux. Il fallait aujourd'hui des notions de notariat, de commerce, suivre la bourse des céréales et s'y connaître en génétique...
Elle remuait donc des pensées loin de l'ambiance vacance qui se dégageait de la scène de cette jeune femme blonde assise à une terrasse. Ambiance qui fut encore plus mise à mal par l'apparition d'une inconnue qui n'était visiblement pas d'ici qui s'assit à côté d'October sans même lui en demander l'autorisation. L'Enfant d'Azazel se raidit, sentant que quelque chose n'allait pas. Personne ne s'était jamais pointé à sa table de cette façon. Personne ne s'était jamais assis avec cette décontraction pour piquer dans son assiette avant de laisser échapper ce “mouais” laconique et peu convaincu. Visiblement l'étrangère qui qu'elle puisse être, n'appréciait pas la bouffe du coin...

October passa en revue le genre de personnes qui pouvait agir de cette façon. Et les élimina un par un. L'inconnue n'était pas un homme et, à moins qu'elle ne fut lesbienne, elle n'était visiblement pas là pour la draguer. Quelqu'un qui en aurait voulu à son argent ne se serait certainement pas risqué à l'agresser dans un lieu public et en plein journée. Et cette femme ne lui rappelait personne qu'elle ait connu dans cette vie. Il ne restait qu'une solution, même si la jeune rancher ne voulait surtout pas admettre que ç'eut été possible...
La conversation avec Dean repassa en un instant dans son esprit. Et elle maudit son imprudence. Il était évident que si Lucifer savait qui elle était, ses sbires aussi. Elle aurait du demander au chasseur quoi faire dans ce genre de cas. Mais elle n'y avait pas pensé. L'idée ne lui avait jamais effleuré l'esprit. Elle ne pensait pas qu'il était possible qu'un démon vienne l'aborder comme ça, en pleine rue.

Elle se résolut à penser qu'il ne s'agissait pas d'une de ces créatures maléfiques et d'une voix qui essayait tant bien que mal de dissimuler sa colère et sa nervosité, October demanda :
“Je peux vous aider?”

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